Les Écrivains de Pionsat

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Les écrivains de Pionsat

Jean d'Arvor

Jean d’Arvor, poète, né à Pionsat (Puy-de-Dôme) le 8 janvier 1883 et décédé à Reims, le 25 février 1970. Jean-Baptiste Pierre Léon Jeuge fut orphelin très tôt et passa les premières années de sa vie à Pionsat. Recueilli ensuite par sa famille, il travailla très tôt en usine  et s’installa à Reims en 1928 pour y créer une affaire de gros. Parallèlement, il développa une grande passion pour l’écriture et commença de proposer des textes dès le début du XXe siècle sous le pseudonyme de Jean d’Arvor. Il produisit ainsi des centaines de poésies dont beaucoup furent couronnées par la plupart des académies de France. Sa suite de sonnets sur la Cathédrale de Reims lui valut la médaille d’argent de l’académie de Montauban et un prix au 22e congrès des Écrivains de France à Reims en 1953.

Dans certains de ses poèmes, il exprime son attachement à l’Auvergne et aux Combrailles. Certains textes, comme « les bœufs », décrivent des scènes de la campagne pionsatoise. Tout au long de sa vie, il garda un souvenir vivace de ses jeunes années à Pionsat qu’il ne manquait pas de visiter lors de ses passages en Auvergne.
 
Ses plus beaux poèmes sur l’Auvergne ont été recueillis par son petit-fils, le journaliste Patrick Poivre d’Arvor, dans un recueil intitulé « l’Appel Ardent de Jean d’Arvor ».

AUVERGNE

Quand le soleil y darde, en bourreau lapidaire,
Ses rayons enflammés sur leurs rochers durcis
On dirait de grands sphinx drapés dans un suaire
De lave calcinée où l’eau creuse des plis.
 
Je verrai le chaos et sa lande rocheuse
De menhirs, de dolmens qui semblent des Titans
Pétrifiés au jour de l’escalade affreuse
De ces géants vaincus par des Dieux plus géants !
 
Et je verrai les bois ! Ces bois sacrés des gaules
Où les arvernes blonds autrefois ont chassé :
Portant le lourd butin sur leurs vastes épaules :
Escaladant les rocs, tout nus, dans l’air glacé.
 
Ah ! Sombres bois des monts, mâles, fiers et sauvages
Vos souches ont puisé le soufre de nos puys
Et vous avez atteint de vos fronts les nuages
Planant sur l’ouragan et dominant ses bruits.

À MON PAYS ! À MES MONTS !

Ô mon pays ! Ô mont d’Auvergne où je suis né
Dômes offrant au ciel vos terrestres mamelles
Et vos pics couronnés de neiges éternelles
Ô combien je vous aime en fils passionné !
Magnifiques géants dans  l’espace égrenés
Têtes des sourds volcans aux profondeurs rebelles
Garderez-vous toujours vos fauves étincelles
Votre feu, votre lave, ainsi disciplinés ?
Vulcain est-il parti de vos sombres cavernes
Désertant à jamais ses  enclumes arvernes ?
Ô Cantal ! Ô Sancy ! Faits de fer et d’airain…
Êtes-vous donc frappés de quelque léthargie ?
Ô puys où le soleil, aux soirs se réfugie,
Où donc s’enfonce-t-il votre cœur souterrain ?
                                                                          mai 1916